La flamme

La flamme

La braise sous le sable

42 photographies

On y voit que du feu !

«C’est au  point qu’il suffit de s’enflammer pour se contredire.»

Gaston Bachelard, la psychanalyse du feu

Sujet brûlant.

Comme l’Amant, l‘Art ment, intensément. Il ne s’agit pas que d’en faire ou de s’en faire. Ni de se la raconter, ou d’y entendre et d’y voir ce qu’on veut. Mais de  creuser, se questionner. Au-delà de ce que cela peut bien signifier, pour soi, de par l’Artiste. De ce que aime l’Artiste. De par celles et ceux qui aiment l’Artiste. Au-delà, de ce qui anime l’Artiste. De celles et ceux qui animent l’Artiste. Qui le veulent, ou qui le volent. Qui s’envolent, ou qui s’en moquent. De par leur propre moyen ou par leur jalousie propre.

Si les arts peuvent être recueil d’humour et de légèreté. De souffrance et d’horreur. Pour comprendre, les arts ont besoin de sérieux.

Époustouflant. Troublant. Évanescent. Presque gênant. Ils, elles, prennent l’Artiste pour un « géant ». Un génie d’ailleurs pourtant ici. Pour mieux l’abattre, ou se rabattre. Critique de papier glacé. On s’irrite, lorsqu’on s’imite. Rien d’original, le dire c’est un peu banal. On apprend en observant.

En 1998-99, à l’occasion d’un stage dans une boîte de production souhaitant élaborer une chaîne d’art vidéo, je découvre le genre. Ce projet éphémère «Notivi», m’amena au Musée d’Art Moderne. Pierrick Sorin y était exposé. Cela m’a impressionné de voir que le travail de Pierrick Sorin me semblait très proche – sur ma perception du ton employé – de la production des Deschiens, qui eux officiaient alors sur Canal+. Je me demandai alors, s’il y avait eu inspiration et quel travail avait pu bien être précurseur. Dans mon imaginaire les Deschiens n’avaient pu que s’inspirer du travail de Pierrick Sorin que je considérais alors comme plus élitiste. C’est là, que j’ai cru comprendre qu’il y avait des strates dans la production : l’art contemporain était premier et ce que l’on percevait à la télévision n’était qu’une répétition. Vision déformée.
En réalité, il est vain de chercher ou de rechercher un primat d’originalité dans le processus de la création artistique. Ces inspirations venaient probablement de ce qu’on pouvait sonder d’une époque, d’une tendance générale de l’esprit d’une société ou simplement d’un clin d’œil entre auteurs.
Seul le rapport marchand a besoin d’un « indice d’originalité » pour établir des codes selon un principe de valorisation de l’Art et non des arts. Les créateurs, ne s’embarrassent pas de cela, ils s’inspirent tant qu’ils respirent.

Des Deschiens à Pierrick Sorin jusqu’au CopyComic, « tout est normal ». Et, si c’est un problème, une solution : une avance sur création, un salaire à vie.

Il ne s’agit pas d’effacer l’auteur, surtout pas même. Mais peut-être la marque – et pourquoi pas son droit (sous condition) – celle que l’auteur pourrait porter sur son dos comme un fardeau. Comme marqué au fer rouge. Identifiés à vie, excluant toutes remises en cause, toutes possibilités de recréation, de réinvention, engluant l’imagination.

«Étudier ne veut pas dire consommer des idées, mais plutôt les créer et les recréer.»

Paulo Freire

Avant d’être un objet à acquérir. Une prise sur le marché. Un amour incompris. L’Art est un questionnement. Une démarche. Une culture partagée et à partager.

Il pourra être dans un intervalle, un échange. Soit, dès le processus de création. Soit, une fois diffusé par l’artiste. Par acquisition. Par la reprise. La reproduction. L’évocation. L’énoncé même. Dans l’art, il y a l’intentionnel et il y a l’accidentel. Puis il y a le mélange qui se reproduira dans l’échange.

Tant que l’art sera considéré dans une finalité de piédestal. Tant qu’il tombera du « camion du marché », considéré comme marchandise. Tant qu’il sera consacré par le marchand ou l’acquéreur. L’art n’étant, alors, pas compris autrement que comme « but à profit ». Sa fonction émancipatrice sera floue, codifiée, jalousée. Seule la démarche compte, le résultat est incertain. L’incertitude de la plaisanterie, du plaire, du plaisir procuré. L’art n’est qu’un miroir, et en cela ne peut être une gloire.

Le discours de la compétition c’est d’affirmer que sans elle il n’y aurait pas de création, d’invention, de travail. Croire cela c’est ignorer que le non-sens de notre existence suffit à en chercher le sens et donc à le créer.

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